mercredi 16 septembre 2015

Rouge





La première fois que je l'ai vu, je l'ai dévisagé,  
Ecumant chaque centimètre carré de sa peau d'encre.  
J'ai écarquillé les yeux, avec l'avide envie  
De percer l'esquisse de ce mystère majestueux.  
Corps d'ombres et de lumières,  
Courbes se faisant douces collines et vallées obstinées,  
Effleurement du papier, aventure des sens,  
Monde tangible à la surface éclatante,  
Je sais déjà que l'air qu'il inspire est le même que le mien.  
Effluves délicates, coeur en émoi.
Il suffirait que je m'abandonne à cette extase circonflexe  
Pour vivre la fascinante aventure d'un voyage  
Au creux de la précieuse matière. J'y consens.
Je tendrais l'oreille dans le vacarme silencieux de ses soupirs,
J'y percevrais le trouble, les crépitements,  
Les murmures et le tintinabulli de sa vie d'aube.  
Cette rencontre dépouillée, authentique et poétique me touche.  
Correspondances intimes de territoires à territoires,  
Je l'ai rejoint sur son île immobile et fascinante.  
A le regarder, c'est l'espace tout entier que j'habite.
                                                                                                                Lucie Sélène

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