mercredi 7 janvier 2015

Le trottoir d'en face

Elle est sortie faire quelques courses avant de rentrer à la maison. 
Il est rentré plus tôt de l'usine ,alors il en a profité pour réparer son scooter. 
Hélène a oublié son sac au bureau. 
Alexandre passe ce coup de téléphone, enfin il ose. 
Amélie reçoit une lettre dont elle n'aurait jamais rêvé les mots. 
Ce matin, deux amants se sont lâché la main pour reprendre leur vie là où ils l'avaient plantée hier soir. 
Et cette nuit, il a pris de belles décisions en costume de fête et d'apparat.
De la vie qui s'exprime et se ressent. Des espoirs, des envies, des folies à inventer. 
De l'autre côté de la rue, l'horreur, le sang, la liberté qui meurt sous les balles. Les cris, la douleur, la sidération. 
Il suffit d'aller sur le trottoir d'en face pour que la face B de l'existence nous explose à la figure, pour que l'indicible nous bombarde et nous ôte toute envie de rêver encore. Une seconde pas plus pour que d'ultimes souffles soient rendus, pour qu'un point final ponctue définitivement leur vie en chemin.
J'ai mal aux rêves, j'ai mal à l'espoir, j'ai mal à l'écriture, j'ai mal à l'audace, j'ai mal à la liberté de penser, j'ai mal au son des balles, j'ai mal au sang qui coule dans le caniveau, j'ai mal à la barbarie, j'ai mal aux croyances absurdes.
J'ai mal à ce point que toute la beauté du monde s'est envolée en même temps que leur vie d'hommes libres.


1 commentaire:

  1. Des mots justes pour exprimer cette horreur.
    Pensée pour eux, pour leurs proches.
    Et j'ai envie de citer ces mots naïfs que j'avais écrits il y a plus de 10 ans :
    "Mais si les pacifistes pouvaient faire une armée
    Répondre aux terroristes en criant "Vive la paix !" "
    Répondons à cette haine par des mots, par des images... pas par la haine :(

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